Conférence Internationale "Robotique et systèmes intelligents" (IROS)

Du 22 au 26 Septembre 2008

Nice, France,

 

 

J'ai été invité à venir parler ici comme représentant de la Région Europe de l'ONG Internationale et inter handicaps Disabled peoples' International (DPI) (Organisation Mondiale des Personnes Handicapées), pour exprimer devant vous nos choix et nos souhaits, et je voudrais tout d'abord en remercier M. Merlet pour l'occasion qu'il m'offre ainsi de m'exprimer devant vous à l'occasion de la Conférence IROS 2008.

 

L'objectif principal de l'OMPH est d'assurer que toutes les personnes en situation de handicap puissent accéder à leurs droits fondamentaux, et notre principal objectif politique a été atteint en décembre 2006 avec l'adoption de la Convention Internationale pour le droit des personnes handicapées par l'Assemblée Générale des Nations Unies. Aprs l'entrée en vigueur de ce Traité historique, le 3 Mars 2008, le temps est maintenant venu de sa mise en application et nous devons nous soutenir les uns les autres pour atteindre ce nouvel objectif. Vous pouvez par exemple nous associer à votre travail et vous inspirer de notre expérience à rendre possible l'impossible, comme nous pouvons vous aider à identifier les solutions alternatives utiles à votre travail.

 

Nous, personnes handicapées, et vous, chercheurs et ingénieurs, devons collaborer et partager nos connaissances si nous voulons créer des technologies accessibles qui s'inscrivent dans l'esprit de la nouvelle convention des Nations Unies pour le Droit des personnes handicapées..

 

J'aimerais partager avec vous mon expérience. Avant mon handicap, j'étais un travailleur social, éducateur et infirmier psychiatrique, et je travaillais pour les personnes avec un handicap. Aprs un accident de voiture qui m'a laissé paralysé, la premire chose que j'ai comprise est que les professionnels qui travaillent pour les personnes handicapées ne connaissent souvent pas la réalité que je venais de découvrir. Ce a été la premire pensée à mon réveil de coma : "Nous, les professionnels médicaux, nous trompons compltement sur ce que nous supposons des besoins et des attentes des personnes en situation de handicap". J'ai tout à coup réalisé que mon savoir professionnel était erroné et que la réalité que je découvrais était bien différente de ce que j'avais jusqu'alors imaginé. Si j'étais dans l'erreur, il est alors facile de penser que d'autres, avec moins de connaissances et d'expérience, l'étaient également.

 

Les avancées technologiques telles que celles qui ont permis le développement des échanges électroniques ou de la domotique et du contrôle de l'environnement sont une bouffée d'oxygène pour beaucoup d'entre nous, car nous pouvons plus facilement échanger des connaissance et partager des informations. Aujourd'hui, c'est avec le développement des Sciences robotiques que notre futur semble pouvoir s'améliorer. Cependant, nous ne souhaitons pas que nos situations et nos besoins soient utilisés pour justifier des recherches et engager des dépenses sur des priorités qui ne sont pas les nôtres, et il est urgent que nos priorités soient sérieusement prises en considération pour que la Science avance.

 

Comment vous, chercheurs et ingénieurs, pouvez-vous en apprendre davantage sur nos besoins? Je vous invite pour cela à rechercher notre participation et notre coopération paritaires en employant et en soutenant le travail de chercheurs en situation de handicap. Nombre d'entre eux peuvent enrichir la communauté scientifique si vous travaillez avec eux.

 

Nous tous, usagers et chercheurs, devons former des alliances et des partenariats pour promouvoir la participation et accueillir les personnes handicapées dans les métiers de la recherche. Quand nous aurons réalisé cette alliance, vous pourrez identifier plus aisément les besoins de vos collgues de travail car vous aurez à partagerez leurs difficultés et à trouver avec eux les solutions qui permettront leur participation.

 

Vos travaux seront influencés par vos expériences avec eux, vous comprendrez mieux leur handicap et leurs besoins et développerez ainsi des solutions robotique qui répondront à ces priorités. Par exemple, alors que marcher est souvent une priorité pour une personne devenue récemment paraplégique, ce n'en est souvent pas une pour celle qui utilise depuis longtemps un fauteuil roulant. Leurs priorités sont différentes, mme si la robotique peut les aider, ce sera pas forcément en leur permettant de marcher ais plus pratiquement en proposant un fauteuil plus léger, moins cher, et socialement plus acceptable. Un point essentiel est que les aides techniques sont satisfaisantes quand elles permettent d'acquérir plus d'autonomie, et qu'elle ne le sont pas quand cette autonomie n'est possible qu'au travers de solutions spécialisées ou séparées.

 

Les aides satisfaisantes sont celles qui sont socialement acceptées. Prenons par exemple les fauteuils roulants, de nombreux pays voient aujourd'hui leur population vieillissante augmenter et les personnes pagées utiliser de plus en plus d'aides aux déplacements. La demande est exponentielle et les fauteuils roulants sont amenés à tre socialement acceptés. Ainsi, en trouvant les réponses adaptées à nos besoins nous préparons aussi le futur.

 

Pour conclure sur une perspective de partenariat, je vous encourage à vous intéresser aux solutions alternatives que les personnes handicapées ont développé. Si vous dirigez une étude sur les sons ou les goéts par exemple, les compétences et l'expérience des personnes aveugles pourront tres utiles. De mme, les capacités physiques que les personnes paraplégiques ou amputées ont été amené à développer peuvent aussi tre une source d'inspiration pour du matériel technique pour des personnes non handicapées. Il existe de nombreux exemples de ce que vous pouvez apprendre au contact de collgues en situation de handicap.

Notre expérience est unique car nous innovons chaque jour différentes faons de vivre et que notre expérience fait que des choses impossibles hier le sont aujourd'hui. Le développement des sciences, des technologies et de la robotique a tout à gagner dans ce partenariat, car il créera de nouveaux liens sociaux et de nouvelles perspectives la société dans son ensemble.

Jean-Luc Simon