Yves,
Ne pouvant me rendre à Lyon aujourd’hui pour t’accompagner dans ta dernière galère, je voudrais te dire toute l’admiration que j’ai porté à ton intelligence pleine d’ironie du jour où nos regards se sont croisé au GIHP Rhône-Alpes en 1988.
Aujourd’hui, présent à Lisbonne à l’occasion de la Journée Internationale des Nations Unies pour le Droit des personnes handicapées, célébrée comme chaque 3 décembre depuis 1993 par les gouvernements les plus soucieux, je puise les termes de mon intervention dans ton engagement pour la vie, jalousant presque ton talent pour montrer avec les mots la réalité que beaucoup préfèrent continuer à ne pas voir avec les yeux.
Recherchant instinctivement la trace de tes mots à l’annonce de ton départ soudain, le premier texte trouvé restera comme une de tes dernières pirouettes. Tu me permettras d’y emprunter les extraits où tu y commentes l’actualité en traçant une route que tu as largement contribué à défricher, et que j’espère nous serons nombreux à vouloir emprunter.
Merci Yves.
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… Est-ce un privilège que les parents d'enfant polyhandicapé se battent pour obtenir des fonds, afin que leur enfant puisse bénéficier et participer à une vraie vie de famille
Est-ce un privilège pour beaucoup de personnes en situation de handicap de ne presque rien manger durant des week-ends parce qu'ils n'ont aucune aide extérieure ?
Est-ce un privilège d'être sans cesse obligé de faire des dossiers, de prendre des rendez-vous avec qui de droit, qui, la plupart du temps, vous renvoie à des réalités socio-économiques alors que…
Est-ce qu'un jour sur cette putain de Terre, l'on pourra communiquer et non se tirer dans les pattes ?
Est-ce qu'un jour, tout le secteur social pourra se réunir à la même table et établir noir sur blanc une même stratégie d'actions basées sur les valeurs communautaires pour qu'enfin, les hôpitaux, les SDF, les personnes âgées etc. puissent avoir des vies décentes et non rapiécées ?
Yves Lacroix, Décembre 2002